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Investigation

Localisation : Wimille

Mission : Lutter contre l’illectronisme des personnes âgées par la mise en place d’un tiers-lieu ou d’un Fab Lab.

Fiche Problème

Contexte :

La ville de Wimille souhaite mettre en place un tiers lieu numérique / fablab dans le cadre de la
lutte contre l’illectronisme qui est un enjeu majeur aujourd’hui et a été encore souligné
depuis le début de la pandémie.

La commune avait d’ailleurs déjà mis en place une aide pour les habitants. Celle-ci prend la
forme d’ateliers individuels portés par la médiathèque municipale. Ces derniers sont adaptés
sur mesure aux demandes des bénéficiaires. Un agent de la médiathèque prépare les
ateliers et reçoit les usagers. Ce service, bien que très apprécié, n’est cependant pas
suffisant face au défi à relever d’amener l’ensemble de la population à l’autonomie face à
l’outil informatique.

En effet, selon une enquête de l’INSEE de 2019, 17 % des habitants de 15 ans et plus de la
région Hauts-de-France se trouvent dans une situation d’illectronisme. Dans la Communauté
d’Agglomération du Boulonnais, dont fait partie Wimille, le chiffre est de 17,9 %. De plus,
cette même étude révèle que parmi les personnes en situation d’illectronisme, 7 sur 10 ont
60 ans ou plus.

Ainsi, l’enquête s’est tout naturellement orientée vers les services à rendre à la population
âgée de 60 ans et plus de la commune.

SYNTHÈSE DE LA DÉMARCHE

Lancée le 6 mai, la phase d’investigation de 12 semaines devait s’arrêter au 31 juillet. Ce fut
le cas mais avec 3 semaines de pause. Cet arrêt n’a pas permis de mener l’ensemble des
entretiens que nous aurions souhaités.

Nous avons néanmoins pu rencontrer divers types d’acteurs. La problématique de
l’adéquation entre le projet de création de tiers lieu numérique et la lutte contre
l’illectronisme, notamment chez les personnes âgées, nous amenait bien sûr à rencontrer le
public potentiellement touché par l’absence de culture numérique. Nous avons également
souhaité recueillir l’avis d’autres acteurs tels que des élus, des partenaires potentiels et des
porteurs de projets similaires.

Les entretiens menés se répartissent comme suit :
✔ 3 usagers
✔ 5 élus de la commune

L’illectronisme qualifie des personnes n’ayant aucune compétence numérique.

✔ 4 partenaires potentiels
✔ 2 porteurs de projets similaires

ENTRETIENS ET PROBLÉMATIQUES SOULEVÉES :

1. Pour les élus

Les élus que nous avons rencontrés sont âgés d’une trentaine à une soixantaine d’années.
Qu’ils soient encore en activité ou non, aucun d’eux ne rencontre de réel problème avec
l’outil informatique bien que certains soient plus au fait que d’autres.

Tous nous ont affirmé connaître, soit dans leur entourage proche soit dans les publics qu’ils
rencontrent au quotidien, des personnes en difficultés face à la place croissante que prend
le numérique dans les démarches quotidiennes, administratives ou non. Pour beaucoup
d’entre eux la différence entre les sachant et les autres et surtout dû à une différence
générationnelle. En effet, les personnes les plus âgées sont très peu acculturées à
l’utilisation de l’outil informatique. Cependant, même s’ils savent se servir de quelques
applications installées sur smartphone, les générations plus jeunes ne sont pas pour autant
toutes à l’aise avec le numérique pour les démarches administratives. La problématique du
coût des outils mais également des abonnements est également un facteur discriminant
pour un usage efficace du numérique.

Tous sont cependant d’accord sur le fait qu’il appartient au service public communal d’aider
les personnes en difficulté face à la place croissante que prend le numérique aujourd’hui. Le
tiers lieu numérique leur semble être une bonne solution mais en mettant en place des
ateliers spécifiques dans un premier temps.

2. Pour les habitants

Les habitants rencontrés sont âgés de plus de 60 ans car nous avions détecté ce public
comme plus en difficulté face au numérique.

Bien que certains savent se servir de différents outils informatiques, ils avouent tous
rencontrer des difficultés au quotidien face à la place croissante que prend le numérique
dans les démarches quotidiennes. Les obstacles rencontrés sont de natures diverses. Ils
vont d’une méconnaissance totale accompagnée d’une problématique de coût à une
utilisation basique mais ne permettant pas une autonomie totale.

Ces personnes se trouvent donc dans l’obligation quasi systématique de faire appel à
l’entourage pour utiliser les différents services en ligne. Même si cette démarche continuera
d’exister, ils conviennent que la possibilité de se former via un tiers lieu numérique leur
permettrait de devenir indépendants pour l’utilisation de divers outils et services
dématérialisés.

3. Pour les partenaires

Les partenaires rencontrés dans le cadre de l’investigation sont de natures différentes :
représentants d’associations, conseillers Pôle Emploi et Mission Locale. Le choix de
rencontrer des représentants de certaines associations se justifie par le fait que dans leurs
adhérents se trouvent des publics potentiels et qu’ils peuvent donc être de futurs usagers du
tiers lieu numérique. Leur témoignage était donc important à recueillir. Concernant Pôle
emploi et la Mission locale, ces deux structures suivent des personnes qui sont pour certaines en rupture avec l’outil numérique et mettent en place des accompagnements.

Nous souhaitions donc recueillir leur expérience.

Les écueils soulignés par les différentes personnes rencontrées sont là encore divers :
manque de connaissances de base pour pouvoir se servir de façon efficiente des services
numériques, coût financier des outils et des abonnements. La solution du Tiers lieu
numérique paraît intéressante pour ces partenaires.
Les représentants des associations y voient un soutien précieux pour leurs adhérents. Les
conseillers des structures nous informent que ce tiers lieu pourrait être un complément
intéressant aux formations qu’eux-mêmes mettent en place.

4. Pour les porteurs de projets similaires :

Nous avons rencontré deux personnes avec des profils et des projets différents mais riches
d’enseignements. Il s’agit d’un directeur de centre social connecté et d’un responsable de
bibliothèque municipale ayant créé en FabLab.

Tous les deux ont relevé auprès des publics qu’ils rencontrent un besoin croissant de se
former aux nouvelles technologies face à la dématérialisation croissante de l’administration.
Ainsi la mise en place d’ateliers d’aide semble être une solution adéquate pour répondre à
l’enjeu de la lutte contre l’illectronisme. A nouveau, le problème d’accès aux outils et aux
abonnements a été soulevé. Il leur paraît donc important de pouvoir mettre à disposition du
matériel.

Conclusion des entretiens :

L’ensemble des entretiens menés au cours de la période montre l’importance que peut
revêtir le tiers lieu numérique dans la mise en place d’ateliers pour lutter contre
l’illectronisme. Cependant, l’aspect FabLab et les outils constituant un tel service ne sont
pas indispensables dans un premier temps. Des machines de type imprimantes 3D ou
brodeuse numérique ne sont en effet pas utiles pour notre problématique de résorption de la
fracture numérique. Cependant des ordinateurs, des tablettes ou encore des imprimantes
devront être acquis. Il est apparu également nécessaire d’avoir du personnel dédié à
l’exploitation d’un tel service.

Conclusion

Pistes de solution :

Force est de constater que la création d’un FabLab initialement envisagée par la commune
n’est pas la meilleure réponse à apporter dans un premier temps à la lutte contre
l’illectronisme. Il faudra avant tout proposer des services plus basiques répondant mieux aux
problèmes rencontrés par la population.

Nous allons maintenant exposer les différents points à prendre en compte pour proposer
une solution adéquate aux aînés de la commune afin de les rendre autonomes dans leurs
démarches dématérialisées ou en voie de l’être.

Problèmes relevés :

Les entretiens ont permis de mettre en lumière plusieurs problèmes qui tous représentent un
frein pour les personnes âgées dans leur autonomisation vis-à-vis de l’outil numérique.

Un fossé générationnel :

La génération de la population cible n’a en effet pas grandi et vécu à l’heure du numérique. Il
est arrivé tardivement dans leur vie. L’apprentissage de son utilisation apparaît donc
compliqué voire inutile pour certains. Ils se tournent de façon quasi automatique vers des
proches pour déléguer les démarches.

Un coût financier :

Pour une partie des personnes cibles, le coût à la fois des outils mais aussi de l’abonnement
représente un frein non négligeable. Non équipés, ils ne peuvent donc pas utiliser le internet
et les services désormais dématérialisés.

Une méconnaissance des aides existantes :

Des ateliers de prise en main de l’outil informatique sont déjà réalisés par la médiathèque
municipale. Cependant, les personnes qui pourraient être concernées par ces ateliers sont
rares.

Des difficultés pour se déplacer :

Certaines personnes âgées de la commune bénéficient de plusieurs types de services à
domicile (portage de livres, de repas, etc.) car elles sont dans l’impossibilité de se déplacer.

Une crainte concernant la confidentialité :

Les personnes qui se tournent vers leurs proches pour résoudre leurs problèmes face aux
démarches dématérialisées peuvent avoir une crainte face à la perte de confidentialité des
données personnelles.

HYPOTHÈSE DE SOLUTIONS

Plusieurs solutions se sont dessinées prenant en compte les différents écueils
précédemment soulignés :
✔ Proposer des ateliers thématiques itinérants dans divers lieux de la commune
✔ Proposer des ateliers thématiques dans un lieu unique
✔ Former les aides à domicile des personnes âgées afin qu’elles puissent être un relais

Nous avons présenté ces trois hypothèses de solutions à 3 personnes : 2 personnes âgées
et une directrice d’association d’aide à domicile.

Les retours principaux qui nous ont été faits sont :
✔ La troisième solution ne peut pas être envisagée car les aides à domicile n’ont pas le
temps matériel de le faire.
✔ La première solution est intéressante mais un lieu unique de rencontre est préférable
car il permet une meilleure sociabilité entre les bénéficiaires.
✔ Les propositions d’ateliers sont bonnes mais il faut que la jauge des personnes
accueillies ne soit pas trop élevée et que les groupes soient homogènes en terme de
compétences.
✔ Il faut bien communiquer en amont sur ces ateliers en étant le plus clair et le plus
concis possible. C’est bien sûr la communication papier qui est à privilégier.
Les ateliers thématiques cités précédemment pourraient être variés mais ils devront toujours
prendre en compte les besoins des usagers. Quelques exemples :
✔ Imprimer les photos envoyées par votre famille
✔ Consulter son compte bancaire sur téléphone
✔ Faire sa déclaration d’impôts en ligne
✔ Faire des appels vidéo avec des proches éloignés
✔ Faire des achats en ligne
✔ Créer une adresse mail / un compte sur une administration

Enfin, il pourra être intéressant de faire connaître des solutions permettant une
autoformation telle que ce que propose PIX, promouvoir la plateforme aidant connect auprès
de l’entourage et des aides à domicile des personnes âgées.

Pistes de développement :

Le service de tiers lieu numérique est donc une bonne réponse à la problématique de la lutte
contre l’illectronisme. Dans un premier temps il comportera surtout des outils de base tels
que des ordinateurs, des tablettes, des imprimantes, etc. Il pourra par la suite se développer
avec l’acquisition d’autres machines.

Dans cette optique, des demandes de financement ont déjà été réalisées auprès de l’Etat et
du Département. D’autres aides pourront être demandées plus tard au fur et à mesure du
déploiement du service.

Le fonctionnement de ce service devra s’appuyer sur du personnel dédié. A cette fin, la
commune à poser sa candidature pour accueillir un jeune en service civique qui permettra
de faire connaître le tiers lieu numérique.