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Carbolocal

Localisation : Le Havre

Mission : Comment faire pour accélérer la transition agro écologique du territoire ?

Fiche Problème

Les enjeux de la transition agroécologique rejoignent ceux de la neutralité carbone du territoire

L’évolution des activités agricoles vers l’agroécologie est un enjeu déterminant pour conserver une eau de qualité, préserver les corridors verts et la biodiversité et lutter contre les phénomènes d’érosion et d’inondation par coulée de boue. Cette évolution peut également concourir à équilibrer les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle du territoire de la communauté urbaine. 

En effet, la végétation et les sols possèdent un pouvoir de séquestration naturel du carbone. En préservant les prairies, en implantant des haies ou des couverts végétaux en interculture, un agriculteur peut rendre service au territoire en compensant les émissions carbone non évitables ou réductibles dans d’autres secteurs d’activités.

C’est ce potentiel que nous souhaitons mettre en valeur !

Au cours de notre investigation nous avons eu l'opportunité de questionner plus d’une centaine d’exploitations agricoles normandes, d’évaluer l’impact potentiel de notre solution auprès d’une vingtaine d'entreprises ou de grands groupes implantés localement et de confronter nos objectifs à une dizaine de démarches similaires engagées à l’échelle nationale.

Les conclusions que nous pouvons retirer de cette investigation sont les suivantes : 

  • Les enjeux environnementaux du territoire sont particulièrement connectés aux pratiques agricoles. La lutte contre les effets néfastes de ces pratiques (pollution de l’eau, érosion de la biodiversité, inondations par coulées de boue) a un coût important pour la collectivité : la potabilisation de l’eau coûte en moyenne 11 millions d’euros par an, l’entretien des ouvrages de lutte contre les inondations, 1,3 millions d’euros par an). 
  • Les actions préventives mises en œuvre pour accompagner en amont les agriculteurs à l’évolution de leurs pratiques agricoles, ne suffisent plus. Les stratégies d’entreprises agricoles sont construites dans des logiques de marché à court terme sans préoccupation des impacts environnementaux locaux et climatiques. De plus, l'agriculteur décide rarement seul des orientations stratégiques de son exploitation.
  • Les agriculteurs sont désignés comme responsables des dégradations environnementales, ils pâtissent d’une image vis-à-vis de la société qui se dégrade et ce, d'autant plus en zone périurbaine où le fossé entre monde urbain et monde agricole s’est creusé au fil des générations.
  • La neutralité carbone est une nécessité impérieuse pour le territoire. La Normandie et particulièrement la vallée de la Seine est le troisième territoire émetteur de CO2 en France. D’ici 2030, toutes les entreprises seront contraintes de réduire leurs émissions de 40%.

Innover dans l’approche de la transition agroécologique territoriale

Face à ce constat, nos entretiens avec les acteurs du territoire nous ont conduit à imaginer une nouvelle approche pour la transition agroécologique du territoire avec les prérequis suivants :

  • La transition agroécologique doit engager un maximum d’acteurs sur le territoire car l’agriculteur est diversement influencé dans ses décisions stratégiques : par de multiples conseillers techniques et comptables, par les injonctions normatives des acteurs publics et par l'image projetée de son activité sur la société.
  • L’agriculture valorise 65% du territoire de la communauté urbaine. Ce rôle primordial porté par quelque 500 exploitations agricoles doit être valorisé, ils sont à la manœuvre pour façonner et entretenir nos paysages, notre cadre de vie. Cette valorisation est un levier pour engager la transition agroécologique du territoire. Elle peut être économique (tout le monde a besoin d’un petit coup de pouce), mais elle doit avant tout faire l’objet d’une reconnaissance sociétale et territoriale.
  • L’utilisation de l’indicateur carbone permet de rassembler et de mobiliser les acteurs locaux autour d’un objectif commun de transition agroécologique. C’est un indicateur simple et facilement mesurable des évolutions de pratiques agricoles. Il met en valeur le lien au sol et aux éléments du paysage qu’a l’agriculteur et qui peut lui permettre de changer son statut d’agriculteur pollueur. D’autre part, le carbone est un indicateur qui parle aux entreprises qui, dans leurs démarches volontaires de responsabilité sociétale, sont incitées à réaliser un bilan carbone de leurs activités et à engager des actions pour éviter, réduire ou compenser leur impact environnemental. A l’heure actuelle, les contributions carbone des entreprises ne bénéficient pas au territoire et seuls 4% des financements pour la compensation carbone en Europe soutiennent des projets européens.  Il existe donc un potentiel relocalisation des crédits carbone pour engager massivement les entreprises locales dans cet objectif de contribution carbone territoriale.

Il s'agit donc d’engager dans une solution commune : 

  • les entreprises du territoire désireuses de compenser leurs émissions carbone 
  • les agriculteurs à même de rendre un service de séquestration du carbone
  • des partenaires techniques agricoles (diagnostic, plan d’action, connaissance) 

CARBO LOCAL- Le Havre : un outil coopératif pour la transition agroécologique

Notre solution propose de :

  • définir un indicateur commun et partagé par tous pour la transition agroécologique : le carbone,
  • offrir, un service complet d’accompagnement des agriculteurs du territoire à la réduction des émissions et à la séquestration carbone réalisés directement par Carbo local Le Havre (identification, mise en relation, intermédiation juridique et financière...) ou avec des partenaires agricoles (diagnostic, plan d’action, évaluation de l’impact carbone…)
  • proposer un outil de compensation carbone local, simple, transparent et robuste pour les entreprises soucieuses de contribuer à la neutralité carbone territoriale,
  • créer ou contribuer à animer une communauté d’acteurs autour de la compensation carbone et valoriser l’engagement de tous à travers une stratégie de communication territoriale et une plateforme digitale.

6 mois pour tester l’impact et préfigurer une start-up de territoire

Nous proposons dans les 6 prochains mois d’expérimenter cet outil de valorisation des services environnementaux rendus par l’agriculture en s'adossant au Plan d’aménagement d'hydraulique douce (PAHD) porté par la communauté urbaine afin d’optimiser l’impact des financements publics mobilisés pour l’implantation de haies sur le territoire. 

Notre objectif d’ici la fin de l’année 2021

  • 2 km de haies plantées sur le territoire, permettant d’éviter les coulées de boue
  • 200 t équivalent carbone séquestrés
  • 8000 € de contribution carbone mobilisée auprès des entreprises pour valoriser l'engagement des agriculteurs.

 

Cette expérimentation sera également l’occasion de préfigurer une solution de plus grande envergure pour contribuer à la stratégie de neutralité carbone territoriale. Concrètement cette solution pourrait permettre de financer des projets de plantation forestière, d’écomobilité, d’habitat économe en énergie,... par le biais des contributions carbone des entreprises locales (sur l’exemple de la Coopérative carbone actuellement développée à La Rochelle avec le soutien du PIA3).

Conclusion

Projet retenu pour la phase de construction